Avec Corentin, j’ai parcouru une bonne partie du site fin octobre avant la rencontre avec Mme Mesnage de Bretagne Vivante. D’abord, côté route de la Grigonnais, un passage VTT a été dégagé pour la course annuelle « des étangs ». L’eau est de plus en plus envahie par les algues exotiques. Corentin remarque quelques petits poissons qui glissent entre les herbes de la rive inondée. Une carapace d’écrevisse aussi et ces omniprésentes crottes de ragondin. Plus loin, le second étang tout aussi envahi par les algues paraît inaccessible, bordé par un cercle épais d’ajoncs. Sous les arbustes épineux se faufilent des lapins et autres animaux sauvages dont nous remarquons les coulées. Plusieurs empreintes de chiens rappellent que nous sommes en saison de chasse. Sur le chemin, Corentin me signale qu’avec son père, ils ont découvert un cadavre de bouc. C’est là aussi que Thomas a trouvé un squelette de chèvre dans un sac… Un saut vers le cœur des sablières. Enfin, un saut, j’aurais bien voulu, car le parcours terrestre en voiture s’avère malaisé. Des branches de saules et d’ajoncs partiellement taillées encombrent le chemin, des moignons griffent la voiture. Toute une armée de « zombies » dirait notre Nicolas virtuel, qui nous agrippe au passage. Enfin la clairière ! Un seau de sable pour les poules, et nous partons à l’aventure. Le lieu est parfaitement tranquille, les bouleaux se mirent dans les eaux où se reflète l’azur de cette journée ensoleillée. Face à l’étang, Corentin rêve. Il se voit, lancer à la main, luttant contre les monstres des profondeurs : brochets, black-bass, carpes gigantesques… A proximité, des traces de feu, un sac débordant de déchets… Nous empruntons le sentier qui fait le tour de l’étang. Des rubalises ont été laissées sur place par les organisateurs de la rando VTT. Une négligence regrettable.- Regarde, des châtaignes !Corentin sort un sac plastique de sa poche et l’épineuse cueillette commence…Nous voilà face à l’espace marécageux où les vététistes jouent aux sangliers, aux « cochons » ravis de s’arroser de boue. Corentin, qui a l’œil aux aguets, me montre une couleuvre qui s’éloigne à la surface de l’étang. Sur un étroit passage, au milieu des ajoncs, des ronces nous font des croche-pieds. Soudain, le jeune garçon s’exclame :- Une mue ! C’est la première fois que j’en trouve !Du travail pour la prof de SVT qui devrait identifier le serpent dénudé – ou plutôt rajeuni.Nous remarquons que la zone des « lycopodes inondés », plante particulièrement rare et protégée, est parcourue par l’esquisse d’un sentier de chasseurs. Par endroits, le tapis de ces originales et primitives fougères est impressionnant. Sans doute faudrait-il limiter l’accès à la zone…De retour à la voiture, le jeune homme saisit son lancer qu’il expérimente dans le dernier étang auquel nous accédons ce jour. Vains lancers, aucun carnassier ne se laisse tenter par les leurres de notre spécialiste. Sur la rive se dresse l’osmonde royale qui dissimule des amanites panthère tandis que les couleurs vives de l’amanite tue-mouches attirent le regard. Dernière étape et dernier lancer au pied de ce qui fut un cabanon, des haillons de plastique bleu dénaturent le lieu.Des rêves d’aventure, d’exploits pour notre pêcheur… Quinze jours plus tard, nous entreprenons un nouveau tour officiel en compagnie de M. Blandin, maire de Vay, et de C. Mesnage de l’association « Bretagne Vivante ». Il s’agit de repérer les sites où subsiste le lycopode inondé, fougère discrète et rare. A notre grande surprise, nous constatons que le sentier utilisé une fois l’an pour la course VTT des étangs s’est transformé en parcours de quads. Les rochers censés bloquer l’entrée ont été contournés, la boue n’a pas arrêté les 4 roues, voire les a attirés. L’un des sites sur lequel nous étions intervenus pour favoriser la pousse du lycopode est écrasé par les larges roues. Que faire ?C. Mesnage va d’abord sensibiliser les propriétaires des parcelles concernées. Dans un deuxième temps, elle tentera d’obtenir un classement afin de protéger le lieu. Monsieur le Maire réfléchit aux possibilités de bloquer les passages les plus sensibles.Quant aux hirondelles de rivage, aux abeilles solitaires qui logeaient dans le mur de sable rouge, elles ont dû fuir ou périr en raison d’une récente exploitation du gravier.Même la parcelle entretenue et close par les propriétaires est désormais ouverte : un passage a été défriché à proximité du portail.Difficile d’envisager des solutions fiables pour cet ensemble à la fois privé et public aux limites de parcelles imprécises. Cet espace naturel sensible ne pourra sans doute être protégé et valorisé durablement sans une reconnaissance publique et une prise en charge de l’ensemble par un organisme compétent. Nouvelle virée dans les Sablières à la demande de la LPO. La ligue de protection des oiseaux s’est vu confier la réalisation des mesures compensatoires à la construction d’éoliennes dans la région de Nozay et cherche des terrains. Nous parcourons une partie des sablières de la Pelliais inondées en cette fin décembre où les pluies sont quasi quotidiennes. A nos interlocuteurs qui connaissent déjà un peu les lieux et sont munis de cartes anciennes et récentes nous présentons les possibles ressources en faune et flore de cette zone humide. Nous attirons en particulier leur attention sur certaines fougères rares, la présence d’hirondelles des rivages et d’abeilles solitaires dont l’habitat a récemment été endommagé. Le milieu est aussi favorable aux batraciens et amphibiens. Reste à prendre contact avec la mairie et les propriétaires.L’après-midi s’achève par la présentation d’un autre lieu sur lequel nous avons travaillé : l’ancienne déchetterie du Gâvre et les fosses qui bordent l’ex voie ferrée en limite ouest de la commune de Vay. Tenue de charme pour le nouvel an :Notre dernier passage de l’année aux Sablières s’est déroulé le 29/12 par un temps maussade, pluvieux, propre à décourager les moins vaillants… mais entrecoupé de rayons de soleil qui revêtaient d’un habit de lumière les bouleaux à la coiffure violacée. Pas question de laisser une robe sale à ces lieux charmants ! Il faut une tenue irréprochable pour le passage à l’année nouvelle.A trois nous arpentons le côté ouest du site, débarrassant îlots, rives et fourrés de multiples bouteilles, plastiques divers, vieux bidons parfois encore dégoulinants d’huiles usées et nauséabondes. Un antique siège auto en état de décomposition, le casque égaré d’un motocycliste, des jouets d’un Noël oublié, des cassettes vidéo d’un autre temps…Péniblement nous acheminons cet ensemble hétéroclite au niveau du chemin qui conduit vers la civilisation, et surtout qui achemine ici les déchets de cette civilisation dévoreuse d’objets vite devenus obsolescents. D’abord, Pierre-Axel transporte les détritus d’îlot en îlot vers le rivage où Laurent les tire à l’aide de cordes récupérées sur place, cordes qu’il faudra encore tirer, forçats des temps modernes, avec leurs chargements sur la montée qui conduit au plateau où stationne la voiture. Quelques chutes sur le sol glissant, des vêtements tachés d’huile, mais personne à l’eau… A nouveau, nous contacterons la municipalité pour le transport des déchets rassemblés. C’est ce que nous expliquons à 2 « espions » alertés par notre passage en ces lieux.Le ciel s’assombrit, l’averse menace… Pendant que Véronique rassemble les derniers déchets, Pierre-Axel part explorer des pistes tracées récemment dans les buissons. Chasseurs ? Laurent décide de donner un peu d’air aux lycopodes qui tentent de s’implanter sur cette rive sous l’œil attristé de Véronique qui plaint les jeunes bouleaux victimes de ce choix.Bien des progrès ont été accomplis en ces lieux depuis nos premières interventions. Reste surtout à convaincre pêcheurs plus que négligents, parfois braconniers, amateurs de quads destructeurs, chasseurs persuadés d’avoir tous les droits et certains amateurs de gravier démolisseurs des dernières falaises de sable rouge, habitat des hirondelles de rivage et abeilles solitaires. Et continuer à assurer une présence régulière…