Des pommes et des châtaignes…
Le glanage du maïs a occupé bien des après-midi et des soirées en avant-première de l’automne. Sans oublier les veillées « égrenage » de Christiane et Patricia. Puis est venu le temps des pommes.
Les pommes :
Comme pour le maïs, avec l’autorisation des propriétaires, il est possible de se ravitailler à petits prix et d’éviter le gaspillage de tous ces fruits qui pourrissent sur le terrain. Et l’on ne peut que regretter avec Christiane que certains fruitiers sur les terres communales soient considérés comme indésirables. Ainsi, on a vu de délicieuses pommes « chailleux », une variété ancienne recherchée, broyées par des services municipaux trop soucieux d’une fausse « propreté ». Mais pour nous, ce sont plutôt de savoureuses compotes en perspective. Desserts et accompagnements pour les plats, boisson aussi… Depuis plusieurs années, nos adhérents bénéficient de jus de pommes à un prix fort attractif. Une boisson saine, dénuée de produits chimiques et qui se conserve longtemps grâce à la pasteurisation (chauffage du jus à 75° environ)
Nous avons donc passé quelques heures baissés dans l’herbe humide un lundi matin sous le contrôle de Nicolas. C’était en lisière de forêt, des fruits partagés avec les biches… Le lendemain, toute une ruche (nous étions 16 !) bruissait sous les pommiers route de Conquereuil. Avec en complément deux ou trois sacs de fruits cueillis dans un verger abandonné de la proche banlieue gâvraise. C’est à La Grigonnais qu’ont eu lieu pressage et embouteillage, un travail physique pour lequel les 10 paires de bras présentes étaient tout juste suffisantes. Et dans le bruit assourdissant d’une machine qui souffrait d’indigestion ! Résultat : 248 litres à distribuer (environ 1 litre pour 2 kg de pommes). Enfin, pas tout à fait : des bouteilles ont refusé le moyen de transport proposé par un Jean pourtant plein d’attention, et ont voulu lui fausser compagnie sur le chemin du retour. Elles furent 6 à tenter l’aventure de la rupture…
Et si on cueillait des châtaignes ?
C’est une idée de Romain : après les pommes, les châtaignes : « Il en reste toujours dans les bois et sous les haies du pays de mes grands-parents ». A quatre, nous prenons donc le chemin du nord. Le rendez-vous est fixé dans un village d’irréductibles guénouvriens. Un grand village où résiste le parler local aux sonorités en « eu ». Nous parcourons d’abord les rues pour solliciter les autorisations nécessaires. Un accueil sympathique de la grand-mère de Romain, des découvertes intéressantes…
Dans le « vieux village », les maisons en pierre, pour la plupart d’anciennes fermes, semblent disposées au hasard. Et pourtant, il existe une certaine logique que l’on retrouvait autrefois dans les campagnes :
Les bâtiments (habitation, étable, hangars…) ouvrent sur une cour privée. A l’arrière s’étendent les « jardins » : de petites parcelles où les habitants se côtoient (« créent du lien » dirait-on aujourd’hui). Il existe même ici une « rue des jardins ». Les jardins familiaux de nos villes ne font que reprendre cette idée ancienne.
Plus loin, champs et prairies. Ici, peu de haies subsistent et la vue s’étend sur un paysage vallonné jusqu’aux buttes de Tréguely, aux pinèdes juchées sur les sommets rocheux de Juzet qui dominent la vallée du Don.
Au cœur de ce hameau, même les ruines reprennent vie. On découvre au détour d’une ruelle des pans de murs qui s’effondrent, des toitures crevassées… surmontées d’antennes télé, voire de paraboles ! Avec souvent des échelles adossées aux murailles, des bricoleurs perchés dans les hauteurs : un village qui a souffert suite au regroupement des fermes et qui revit grâce à l’apport de nouveaux habitants. D’ailleurs, un « jeune village » s’étend sur les collines en périphérie. Quant aux « anciens », les plus nombreux, ils aiment se retrouver l’après-midi pour un café chez l’un(e) ou l’autre : un vrai soutien communautaire.
Mais nous étions venus pour les châtaignes… Donc, guidés par Romain, nous atteignons un petit bois. Nous ne sommes pas les premiers ramasseurs. Aux humains, se sont déjà joints des écureuils et autres animaux sauvages. Sous les arbres, on repère les bosses d’un terrain de bicross, une cabane bâchée écroulée près d’un squelette de fauteuil, de vieux pneus… Des jeunes avaient sans doute établi ici leur quartier général. Sur le sol grouillent les grillons, parents et enfants par centaines. Je n’avais jamais vu de tels rassemblements !
Les seaux à moitié pleins, nous tentons une « sortie » vers un autre site qui nous a été conseillé, en face d’un étang. Nous trouverons l’étang et ses cabanes, mais jamais les châtaigniers… Alors, Laurent décide de terminer le « glanage » en bordure d’une petite route qui relie Conquereuil à Derval. Des haies de châtaigniers bordent la voie. Par prudence, nous préférons effectuer le ramassage à l’intérieur d’un champ déjà bien piétiné. Le seau plein, nous regagnons nos pénates, prêts pour les soupes et grillades de début novembre.