En piste !
Soleil brumeux et froid en ce mardi où nous accompagnons la classe « forêt ». 1ère étape : une course d’orientation entre Chassenon et les quais bétonnés où se sont succédés anglais et allemands durant la guerre 39/45. Neuf équipes, deux points de départ. Fébrilement s’effectuent les derniers réglages d’azimut, et c’est le départ toutes les trois minutes. De mon côté, les premiers ne sont pas gâtés : au profond fossé succède un talus épineux. Que faire ? Se faufiler entre les ronces ? Essais infructueux. Finalement, Hugo décide de se sacrifier et s’allonge sur le tapis épineux : un pont pour les plus fragiles ! Enfin presque… Les groupes suivants bénéficieront de son initiative. Et personne ne râle, au contraire ! Une classe dynamique, souriante, plutôt unie où l’on semble respecter les différences. Moins courageux, c’est en voiture que nous rejoignons l’arrivée où déjà les premiers relatent leurs exploits. Attente. Mais il faut bien constater qu’il manque 2 groupes : les Baptiste ne sont pas là. Un des jeunes sort une corne de brume. Et l’on répond ! Mais il manque toujours Baptiste L. et ses compagnes pourtant partis dans les premiers. Solution : le téléphone portable. Ils répondent ! Mais d’où ? En forêt – heureusement encore- près d’une allée semble-t-il. S’ensuivent des explications confuses : ils auraient perdu un soulier près d’un pilier… L’allée du pilier est au nord de la forêt, ils ne peuvent l’avoir atteinte ! Serge leur recommande d’attendre à proximité de la route goudronnée qu’ils devinent à leur droite, et part à leur secours. Aventure qui laissera des souvenirs. Pendant ce temps, nous faisons le tour des quais, découvrons les trous d’obus toujours aussi impressionnants, et tant de détails qui éveillent la curiosité. Classique pique-nique, pieds qui refroidissent. Pas question de traîner, il faut cheminer ! Et l’on fonce sur notre allée préférée. Pas de téméraire cette année pour affronter les pièges de la mare d’argile où certains on laissé des chaussures dans le passé, mais des désirs d’obscurité, de sensations nouvelles au contact des blockhaus. Petits cris de faux effroi pour les unes, excitation plus silencieuse pour d’autres… Quelques-uns cherchent des souvenirs d’une époque qui les intrigue : ferraille, tôle percée d’éclats d’obus, vieux fil de fer…- Regardez cet arbre ! On pourrait en faire un ascenseur ou une balançoire.- Et pourquoi pas un cheval de rodéo ? Un groupe se perche sur le blockhaus pour faire le contrepoids, et les volontaires se succèdent à l’autre extrémité. Débuts en douceur, on joue l’ascenseur. Et puis la masse s’excite. Sauts saccadés, de plus en plus rapides. Impressionnant ! A ce jeu les filles paraissent les plus habiles. Baptiste y laissera un poignet douloureux qu’il faudra bander. Douleur et sourire pourtant pour le jeune homme courageux qui poursuivra l’exploration plus calmement. Profonds fossés auxquels succède une savane d’herbes sèches et de fougères brisées qui cachent les pièges d’un sol inégal. Une marche réchauffante de bloc en bloc. Et l’occasion de multiples roulades sur cette végétation asséchée qui a sans doute souffert du manque de pluies automnales. « Des conditions idéales pour une fugue ». C’est du moins ce qu’a dû penser le portable d’Ewen. Mais la garde veillait. Et, plus tard, le fuyard arrêté devra regagner sa poche cellule.Perdus ! Un volontaire accepte de nous guider à la boussole. Et il sera remarquablement efficace, mais pas toujours facile à suivre. Enfin nous débouchons sur une allée coupe-feu.- Regardez ! Des chevreuils ! L’excitation est trop grande pour que s’établisse le silence. Ils sont trois, bruns, calmes, qui nous examinent un bon moment avant de s’éloigner.A l’horizon des bois dépouillés, on devine une nouvelle ligne de blockhaus. Ceux-ci sont préparés pour l’accueil et la protection des chauves-souris. C’est en suivant ces « cailloux » laissés par un Poucet géant que nous regagnons le point de départ… au moment où arrive le car. Salut à la vaillante équipe avide d’aventures… en pleine nature… (voir photos sur la page 2012)
Episode 2 : découverte du jardin
Février et ses gelées. C’est peu avant les vacances hivernales que les jeunes forestiers ont repris des Chemins de Nature. Nous les accueillons au jardin : deux groupes de 15 se succèdent aussi souriants et déterminés que lors de la marche en forêt. Trois temps forts sont prévus : Prise de contact avec les chèvres Découverte du parcours sportif Initiation aux flèches polynésiennes
Les chèvres :
Les jeunes ont apporté un sac de pain, des restes de la cantine du collège. Deux volontaires passent la chaîne au cou de Blanchette et la conduisent dans la prairie voisine. Marguerite – si familière habituellement – est beaucoup plus stressée. Finalement, elle suivra les pas de sa consœur, mais refusera la nourriture – elle si gourmande pourtant ! Le reste du groupe pénètre dans le parc et partage le pain entre Bichette et Malo. Nos deux jeunes caprins sont perturbés, mais les jeunes finissent par comprendre qu’il faut les rassurer et donc ne pas se déplacer en tous sens… Apprivoiser, tout un art !
Le parcours sportif :
Un p’tit tour au jardin permet de découvrir et d’expérimenter le parcours sportif en cours de réalisation. Le sol est humide et les chaussures n’ont pas été prévues pour… Qu’à cela ne tienne, les garçons se lancent sans hésiter , une partie des filles également : passage du tunnel, ascension et descente de la plateforme, montée vers la cabane de Benjamin. Mais le retour au sol est périlleux : il faut se glisser dans un trou, s’emparer d’une corde. Le premier hésite longtemps, puis se lance dans une descente plus rapide que prévue. Une technique de tenue de la corde avec les pieds à améliorer. Peut-être faudra-t-il prévoir des nœuds. Puis c’est le passage en équilibre sur le bassin glacé. Pour se rassurer, les premiers tiennent un bambou à la main. Et voilà la corde, le pont de singe au-dessus de la mare. Pas de problème. Les plus hardis se lancent même sur l’itinéraire le plus long où les bavards abandonnent la parole pour améliorer la concentration. Félicitations aux Baptiste, Germain et compagnie… Mais voilà qu’une fille découvre la balançoire. La tentation est grande. La mise en garde insistante : le niveau de la mare est haut, se balancer au-dessus exige de maintenir les jambes perpendiculaires au corps… mieux vaut ne pas insister. Mais rien n’y fait : Cécile (prénom d’emprunt) finit par se lancer, avec succès… jusqu’au moment où, croyant bien faire, une de ses collègues tente de saisir la corde. Surprise, notre athlète oublie les exigences de l’exercice. Les pieds heurtent la glace, la mare les aspire jusqu’aux genoux. Une froide expérience qui ne gâche nullement la bonne humeur et incitera même d’autres candidates à tenter l’aventure, au point pour certaines de ne plus vouloir quitter les lieux !
Les flèches :
Reste la découverte des flèches polynésiennes. Munis des armes, nous nous dirigeons vers la prairie près de l’entrée. Il faut expliquer la technique. Heureusement, un spécialiste est là qui a déjà pratiqué en colo. Il s’avère bien plus clair et efficace que moi. Les premiers essais ne sont pas tous concluants. Je remarque en particulier une fille qui ne parvient guère à dépasser les 3 – 4 mètres. Mais elle s’obstine et finit par triompher. Une future guerrière amazone ? Parmi les garçons, on repère vite des champions. Le plus efficace est en même temps le plus discret, le plus timide, parfois un peu à l’écart… Sur son visage, on lit la joie du succès, un triomphe modeste qui le valorise à ses yeux. Le temps passe vite. Pendant que quelques-uns rentrent les chèvres, d’autres se lancent dans un parcours sportif complet, trois filles volent au-dessus de la mare avant de revenir enthousiastes à l’appel du car.
Détente, apprentissages, partage de savoirs et de responsabilités. Une leçon de liberté et de confiance en soi dans la nature, une éducation citoyenne…
Episode 3: Juzet et la vallée du Don
Vous avez envie d’une marche un peu sportive dans un cadre grandiose et sauvage… alors, n’hésitez pas : la vallée du Don saura vous séduire. Et si vous voulez apprécier pleinement les lieux, préparez votre sortie. D’abord, emplissez vos oreilles de « la tribu de Dana » du groupe Manau. « Dana », la déesse mère des dieux celtiques, à rapprocher de la Ste Anne chrétienne, toutes deux présentes sur le site. Voilà l’ambiance dressée. Maintenant plongez-vous dans l’Histoire et les légendes souvent profondément imbriquées. Ainsi vous découvrirez que nos ancêtres du néolithique avaient l’habitude de creuser des « cupules » au sommet des rochers les plus impressionnants. Vous en trouverez par exemple sur le rocher de la fée Carabosse. Peut-être découvrirez-vous quelques monuments mégalithiques : dolmens ou menhirs… Plus proche de notre époque, la voie romaine qui franchit le Don à Pont-Veix sur un gué toujours praticable rappelle les domaines de Marcius (Marsac sur Don) et Crassius (58 av. J.C.). Une voie devenue ensuite chemin de pèlerins avec son hôtellerie (XVème) intégrée aujourd’hui à la seigneurie de Pont-Veix. Une voie parcourue aussi par les armées bretonnes de Conan le Tors. C’est là qu’eurent lieu en 981 et 992 les sanglantes batailles de Conquereuil opposant les bretons aux nantais et angevins. L’on pourrait encore évoquer le village des lépreux devenu ermitage au temps d’Anne de Bretagne où se dresse la chapelle de Lessaint ; les carrières de pierre donnant naissance, entre autre, au château de Juzet ; la vie des paysans sur ces rudes pentes schisteuses ; les combats du bois de Bruc durant la Révolution (une croix en témoigne toujours)… De l’Histoire aux légendes, il n’y a qu’un pas. St Martin est-il vraiment passé là pour remettre de l’ordre dans les nuits agitées des filles de Marsac ? Gargantua s’est-il déchaussé pour ôter le caillou gênant dans sa chaussure ? Toujours est-il que les formes parfois étranges des rochers de la Vallée sont devenus caillou de Gargantua, fée Carabosse, fée Joyance et même « chasse de St Hubert » : tout un alignement de pierres censé représenter les chiens et cavaliers pétrifiés... Au pied du «rocher des amoureux » n’oubliez pas d’honorer la Vierge de la Vallée cachée dans sa mini grotte faîte de l’enchevêtrement de la pierre et des racines d’un chêne imposant… … et ce n’est qu’un court aperçu…
A la mi-juin nous avons accompagné la classe « forêt » du collège St Laurent sur ce site sauvage et magique. Deux groupes étaient constitués : l’un se déplaçait en canoë, l’autre parcourait à pied les pentes ardues avec échange en milieu de journée. Les vaillants aventuriers ont apprécié le bain dans les eaux revigorantes au pied du château et de l’auberge de la vallée, les sentiers sinueux propices à l’escalade, aux descentes folles… et même les caresses piquantes des ajoncs sur un étroit layon.
Un parcours plus sauvage le matin, plus civilisé l’après-midi du côté des rocs de Gascaigne, propriété du C.G.44 qui a choisi de sécuriser les sentiers. C’est honorable, mais les lieux perdent une partie de leur « saveur sauvage ». Les « hippies » installés au cœur des buissons l’ont d’ailleurs bien compris : la végétation reprend ses droits autour de leur cabane trop proche d’un chemin désormais fréquenté et le refuge tente de se faire plus discret…
Au retour, épuisés, certains jeunes ont choisi de retrouver les fortes sensations de la journée dans le monde des rêves…
Bibliographie : Carnet de la fée Joyance – Le pays de Guémené-Penfao – Contes et légendes du Pays de Guémené