Mai/juin au jardin
Mai/juin au jardin
Fête de la Nature
Comme chaque année, dans le mai printanier, on fête la Nature. Nous avons devancé les dates officielles de 3 jours… non sans appréhension en raison d’une météo capricieuse. Mais, le 6 mai le ciel a été indulgent et nous étions 35 membres de l’association aux grillades du midi : plats partagés, bonne humeur, jeunes courant en tous sens dans le sous-bois… A partir de 15h00 notre « espace nature » s’est ouvert aux visiteurs. Une vingtaine ont profité de l’occasion et, pour la plupart, charmés par les lieux, sont restés jusqu’en fin de soirée. Il faut dire que diverses animations permettaient à chacun de s’intégrer, de s’initier à de nouvelles activités, de mettre en valeur ses talents. Au milieu du jardin, un groupe assis en rond jouait aux cartes, mais un jeu particulier qui faisait appel aux mimes avec des interprétations variées, des rires garantis. A proximité, Annie avait installé un atelier de « Land’Art » qui a surtout séduit les plus jeunes, excité leur esprit créatif, les entrainant dans un monde coloré et imaginaire. Les sportifs avaient investi la prairie près des chèvres. Les flèches polynésiennes voyaient s’affronter la gent masculine avec un nouveau record établi par Thomas : 63 mètres ! Notre terrain n’est plus assez grand ! Sur un mât, des jeunes tentaient d’enrouler les bolas. Ces « bolas » à notre façon, Marceau et Pierre-Axel les avaient imaginées il y a quelques années à l’occasion des « Escapades atlantiques » au château de Blain. Elles connurent aussi le succès lors de la Fête de la Préhistoire au Gâvre… et les voilà revenues à la mode. Quelle sera notre prochaine invention sortie de l’esprit fertile de la jeunesse ? Entre tous ces centres d’animation, Patrick animait un jeu de palets où femmes et hommes rivalisaient d’adresse. Le plus habile : Franck. Dans le parc aux chèvres s’avancent Clément et Nathan, un seau blanc à la main. Ils ont décidé de traire nos braves mères ! Mais de blanc, il n’y aura que le seau, les chevreaux n’ont rien laissé à nos apprentis éleveurs… Près de la mare, des jeunes étaient réunis. Certains « volaient » au-dessus des eaux sombres, tentaient de manier le radeau retenu par une ronce récalcitrante. D’autres, accroupis, contemplaient insectes, têtards, tout un univers minuscule éveillant sens de l’observation, soif de connaissances. Oubliés chaussures et vêtements propres, vive l’aventure, la liberté ! Et chacun de se déplacer librement, participant ici et là, créant de nouveaux centres d’intérêt, accueillant les visiteurs, jetant un coup d’œil attendri à l’expo qui présentait les 4 années d’existence de l’association. Une journée vivante au sein de la nature…
D’un week-end à l’autre :
Le dimanche suivant, on retrouve Benjamin, Nicolas et Laurent au jardin. Tandis que Laurent s’occupe du potager : entretien des allées, préparation des carrés pour le semis de haricots, remplacement des salades par des plants de tomates dans la serre…, Benjamin s’active dans l’espace agricole. La terre à maïs est encore trop humide, mais, avec l’aide du jeune Nicolas, il est possible de planter les betteraves sur les petits sillons prévus pour. Puis de couper le trèfle qui repoussera plus vigoureux ou sera remplacé par du maïs, de préparer le terrain pour les pois fourragers et de refaire une partie du semis de lin qui a souffert des conditions météo. Mais Nicolas s’ennuie vite et veut créer ses propres œuvres. Un livre de bricolage à la main, il parcourt le jardin, propose à Laurent la réalisation d’un pont – rien que ça !!!- puis d’une arbalète, enfin d’une sarbacane. C’est plus simple et rapide, trop sans doute. Et ce qui inquiète le plus Nicolas, ce sont les munitions : le livre propose des crottes de lapin ! Celles de chèvres sont aussi efficaces, mais suscitent la répulsion du garçon. Alors on se tourne vers une échelle de corde avec des barreaux en bambou. Nicolas se révèlera un véritable expert et sera fier de voir Benjamin installer son œuvre dans un arbre du jardin. Il osera même l’essayer… au moins les premiers barreaux…- C’est chouette ! s’exclamera Annie en découvrant l’œuvre.Et déjà son imagination fertile voit de petits êtres de fer et de chiffon grimper l’échelle, des ponts de singe, des balançoires… animer le jardin. Qu’en pensera Benjamin ?
Bricoleurs :
Et si on montait un panneau d’affichage ? Une idée d’Annie qui récupère les matériaux nécessaires, s’assure de la présence de bricoleurs compétents. Alain, permanent du jardin partagé de Plessé, se transforme en maître d’œuvre. Avec lui sont venus des habitués du lieu : de bons ouvriers et des dames tricoteuses pour encourager les travailleurs. Annie s’affaire, plastifie les pages couleur préparées par Laurent. Robin assemble les éléments, pointe. Et voilà que devant l’entrée du jardin se dresse un panneau informatif. Véronique et Annie lui donne un toit provisoire. Un complément intéressant au tableau exposé à la pluie où le calendrier s’efface au gré de la météo. Désormais, nos visiteurs quotidiens pourront mieux nous connaître. Mais, pas de bricolage sans Arthur. Il a repéré une hache antique et une pelle rouillée en bon état. Bientôt la pelle est munie d’un manche. Pour la hache, c’est plus complexe. Il faut tailler le « gourdin » récupéré par Véronique dans une « recyclerie » redonnaise. Mais notre bricoleur viendra rapidement à bout du travail : deux nouveaux outils bien utiles dans notre cabanon… trop étroit…Poupoules :
Que faire pour que les jeunes pousses de maïs ne soient pas victimes des taupins ? Sur le conseil d’un de ses profs à la MFR, Benjamin a essayé les poules. Un enclos rapidement monté, et aux volatiles heureux, le terrain ! Non seulement elles picorent, mais encore elles passent la griffe, nivellent, préparent efficacement le semis. Quelques grains, des mains qui distribuent, un coup de rouleau maison (une lourde buse en béton que Benjamin et Nicolas poussent vigoureusement) et voilà le champ d’espoir prêt pour la vie verte. Et les poules ? Elles ont pris goût aux sorties buissonnières… Alors Benjamin leur aménage un petit parc herbeux, suggère d’en préparer un autre, mobile. Fin mai, Pierre-Axel et Laurent mettent en œuvre l’idée de notre agriculteur sous les yeux ravis de Marie-Josée. L’œil vif, tout le troupeau accompagne la manœuvre, interroge, dialogue, picore, pique et pique encore et encore… Maître coq appelle ses belles « Ket ket ket ket ket… » et fait la roue pour séduire celles qui s’approchent.- Oh, là, regardez, on peut prendre un bain de poussière ! Agréable par ce temps !- Moi je préfère la bronzette, bien allongée au soleil. Poupoules gâtées, poupoules heureuses, au cœur de notre espace nature. Poupoules complices, taquines avec Marie-Josée qu’elles piquettent en se moquant ; fières et sûres d’elles voletant vers le seau de grains, se précipitant sur leurs légumes préférés : tomates, betteraves, céleris… assaisonnés et cuits à point.- Ombrages, perchoirs, soleil, service à domicile… et notre maison sur mesure ! Que la vie est belle au jardin ! On peut même se permettre de petites fugues avec la complicité d’Angèle… mais gare au gardien du maïs !Naissance
Lorsque j’arrive au jardin en ce milieu d’après-midi ensoleillé, brûlant même dans la cuvette de notre Espace Nature, près du portillon Bichette m’attend et m’interpelle. Plaintive ? Inquiète ? Premières contractions sans doute… Je préviens Marie-Josée affairée auprès de son banc. Elle s’affole… Je tente d’apaiser l’une et l’autre et chacun finit par retourner à ses occupations… Marie-Josée tisse son banc, Bichette grignote quelques brins d’herbe puis s’éloigne vers un coin d’ombre au milieu du jardin, je bêche, transporte du « terreau maison », plante… 18h30 : Je ferme le cabanon quand j’entends deux appels suppliants. Bichette est allongée dans l’abri, deux pattes s’étirent dans la paille, une petite tête ne parvient pas à franchir la porte de notre monde. Il va bien falloir forcer le passage étroit. Un cri, un peu de sang, et voilà le nouveau-né tout frétillant, blanc avec un collier aux couleurs maternelles. Ah, le cordon ! Je le coupe avec les moyens du bord, et déjà Bichette se redresse, s’approche du petit être, lui glisse quelques mots à l’oreille auxquels il répond d’une voix fluette. C’est l’heure de la toilette… Le chevreau tente de se lever : une patte, deux pattes, et tout s’écroule. A 18h45, première victoire : quatre pattes branlantes, mais debout !... l’espace d’un instant. Des mouvements de reptation que l’on pourrait croire désordonnés. Mais non, le petit animal vise un endroit bien précis : la source de vie. S’il n’y voit rien, je ne sais quel instinct ou quelle odeur le guide irrésistiblement. Mais Bichette ne veut pas ou ne comprend pas… Je me charge donc de faire jaillir les premières gouttes de lait et guide le jeune mufle vers la tétine de ses rêves qu’il suce goulûment. 19h00 : Je quitte les lieux en jetant un dernier coup d’œil. Le nouveau-né vient de franchir un pas décisif dans notre monde. Debout, il tête seul une Bichette apaisée.
Aux voleurs !
En ces temps humides, nous pestons contre nos voleurs de légumes. Escargots, limaces rouges et grises… se régalent des tendres feuilles et narguent les jardiniers. Parfois les ragondins s’en mêlent et dévorent les rangs de salades. Et que dire de ces maudits taupins !! De beaux petits vers orange à l’aspect inoffensif…, mais qui s’acharnent sur les racines, pénètrent au cœur des plantes, la mort entre les dents ! Benjamin les insulte, les menace de tout un attirail destructeur ; Laurent constate résigné ou tout en colère rentrée : le maïs bat des ailes et s’affaisse, et les tomates, et les jeunes salades… Petit mais puissant, le ver orangé triomphe de tous nos pièges : les poules censées le picorer, la phacélie chargée de l’éloigner, et les jardiniers de l’écraser. Mais voilà de nouvelles victimes : les œufs ! On en trouve de cassés dans le poulailler et, plus incroyable, les boîtes à œufs sont visitées ! Un œuf au sol troué et vidé et le phénomène se reproduit. Un jour, on a même découvert un œuf soigneusement percé pour en savourer le contenu… dans la boîte fermée ! Qui est le voleur ?- Une fouine, suggère Patrick- Un rat, pense Laurent qui en a déjà aperçu dans le jardin. Pierre-Axel aussi en a vu un près de la serre. En tous cas, un être rusé, intelligent, au flair développé, capable de repérer la boîte sur les étagères de l’établi, de l’ouvrir, découper un cercle dans la coquille, avant de se délecter… et de nous narguer. Provocateur, lorsqu’on lui laisse une boîte vide et qu’on la retrouve « jetée » sur la pelouse à quelques mètres de là. Un MAÎTRE qui, peut-être succédera aux hommes… D’autres jours, nous nous insurgeons contre les champignons – rouille, mildiou…- qui attaquent céréales, haricots… Même le vent n’est pas bienvenu lorsqu’il met à bas les fèves fièrement dressées la veille, couche avoine et blé qui faisaient la fierté de Benjamin… En cette saison humide, la vie au jardin est fort mouvementée…Malveillance ou maladresse ?
Dimanche de juin gris, triste, menaçant. Les hirondelles rasent le sol à la chasse d’insectes plaqués par une atmosphère lourde. Quand j’arrive au jardin, je découvre un des jeunes désolé devant la serre lacérée. Une longue coupure d’une trentaine de centimètres côté nord. Et l’on en repère trois autres au sud, quelques trous à l’ouest…- Sûrement quelqu’un qui a coupé volontairement, peut-être a-t-il utilisé un briquet… Je suis dégoûté. Il faudrait passer la nuit là, et si je l’attrapais… J’ai envie de tout arracher !- Il pourrait aussi s’agir d’un geste maladroit. Regarde, les herbes au pied de la bâche ont été coupées, et la faux est d’un maniement délicat.- Ou un animal…- Ou tout simplement l’usure…Le moral est touché. Pas facile de convaincre qu’il faut tenter une réparation dans l’espoir d’arrêter la déchirure.Alors, à tous les manieurs d’instruments tranchants – explication la plus vraisemblable-, attention ! Ne gâchez pas les œuvres dont nous sommes fiers.En juin…
Le monde des chèvres va son chemin… De temps en temps, nous nous arrêtons pour contempler Blanchette perchée sur son promontoire. Tête dressée, arborant sa barbichette de sage, elle fixe l’horizon, hiératique, pensées perdues dans les lointains.Souvent cachée sous un abri protecteur, Marguerite a adopté le dernier né « Hip hop » qui ne la quitte guère qu’aux heures de tétées. Un appel et Bichette se précipite, puis retourne faire le plein de bon lait. Pas le temps de traînasser, il faut brouter pour alimenter le jeune chevreau qui grandit quasiment à vue d’œil et bientôt rattrapera sa mère qui disparaît au milieu des herbes. De redoutables insectes piqueurs ont fait leur apparition et les coups de pattes ou de têtes ne suffisent pas pour les décourager. Heureusement, ces assoiffés de sang préfèrent le soleil à l’ombre. Voilà pourquoi, pendant les journées orageuses nos quadrupèdes fréquentent assidûment les abris…, et parfois dédaignent même les sollicitations des visiteurs. Nous avons d’ailleurs observé un phénomène étrange : alors que tous les saules du parc ont cruellement souffert des dents de nos chèvres, au point de dresser des bras de plus en plus nus, il en est un qui résiste, verdit et procure l’ombrage. Il est situé plein sud, juste devant l’abri ! Peut-on penser à un choix intelligent et protecteur de nos animaux soucieux de leur confort ?Et voilà l’été, du moins selon le calendrier, un jardin toujours aussi vert, une pelouse qui fait rêver de tondeuse automate… Pendant que Pierre-Axel se fait les muscles avec notre engin dépourvu de moteur, Benjamin entasse le fumier de la « chèvrerie » au parfum prometteur de compost fertile et futures récoltes abondantes.
Le « loisir désherbage », voire débroussaillage aux abords des plantes aromatiques, est devenu indispensable. Marie-Josée, Laurent, Annie s’y attellent ; Benjamin aussi au milieu de la partie « ferme ». Véronique y passe des soirées sous le soleil ou sous la pluie en compagnie des fidèles moustiques et donne au lieu un visage nouveau révélant des hortensias cachés. Un faucheur anonyme montre ses talents près de l’entrée, les allées sont recouvertes de carton pour limiter la pousse des herbes…
Et les récoltes continuent : pommes de terre « gourmandines » qui portent bien leur nom, fèves, salades, oignons, échalotes…, bientôt haricots, choux, poireaux… Les petits pois ont souffert des pluies incessantes, les tomates aussi. N’oublions pas fraises et framboises qui attirent irrésistiblement Pierre-Axel, Alexandre, Enguerran ; les courges et courgettes qui luttent vaillamment contre les rampants gluants et grassouillets.
Dans la partie agricole, Benjamin protège les précieux sojas des lapins. A proximité, fleurissent les pois fourragers, les betteraves dressent leurs feuilles, maïs et phacélie tentent de cohabiter harmonieusement… Et voici l’heure des battages, en particulier pour le tritical qui incline ses épis dorés vers le sol. Les oiseaux l’ont bien compris, ils précipitent les épis à terre et se régalent…
Soleil et vacances
C’est le moment de ressortir le ballon de rugby pour des passes tranquilles ou des affrontements mémorables. Le moment aussi de battre les records de lancer de flèches polynésiennes, de parcours sportifs, de prouver son adresse avec les bolas, de patienter face au flotteur révélateur de poisson vorace… Eté au jardin : bricolage, jeux divers adaptés ou nés d’une imagination continuellement sollicitée. Heures de repos également sur la pelouse reverdie, dans le hamac où Marie-Josée aime se bercer, François-Xavier se cacher…
Soleil ? Bien éphémère en ce début d’été…
… Ainsi va la vie au jardin…