A la découverte du téléski nozéen
Il y a 2 ans nous avions apprécié baignades et jeux, l’an dernier les « loisirs à l’air libre » nous invitaient à naviguer : paddle et autres vaisseaux plus ou moins fantaisistes pour le plus grand plaisir des familles. A proximité, un mini-golf, un skate-park… permettaient de varier les plaisirs tandis qu’un kiosque offrait glaces et boissons à prix réduit. Plus de baignade malheureusement, l’étang était reconnu impropre à ce type d’activité.
Le temps a passé… Aujourd’hui le site est « orné » de tours métalliques, de câbles, de tremplins (installation moins bruyante que la scierie voisine toutefois et, pour le moment, sans musique tapageuse), le kiosque est devenu restaurant, le mini-golf a été rasé…, une partie du site bénéficie pour 30 ans à une entreprise privée. Et si on tombe à l’eau et « boit la tasse », il n’y a paraît-il plus de problème ( ?)
Bien que nous ne soyons pas favorables à ces équipements mécaniques commerciaux, deux de nos jeunes ont voulu tester en profitant d’une matinée gratuite – sur inscription – dans le cadre des « loisirs d’été » de la ComCom. L’occasion de vérifier les affirmations publicitaires lues sur Internet et un dépliant :
« Lieu de détente, de plaisir et d’adrénaline »
« Des sports de glisse dans la bonne humeur et en toute sécurité »
« Une activité éducative »
Voici le récit de l’expérience vécue par Romain :
« Après une séance de « Conseils de sécurité », nous voilà à genoux sur une planche tractée par des câbles, un trajet rapide mais toujours identique. Lorsqu’on tombe à l’eau, il faut veiller à s’écarter au plus vite, le glisseur suivant (8 crochets, je crois) doit lâcher la corde ou s’écarter pour vous éviter. J’ai dû plonger pour en éviter un dont la planche m’a frôlé le crâne : l’impression d’être scalpé ! Je suis étonné par la faible profondeur, on dirait qu’un « filet » a été déposé dans l’eau pour limiter les risques de noyade… Les virages sont impressionnants : d’abord un ralentissement où vous vous sentez quasi abandonnés puis un choc. C’est l’un de ces chocs qui m’a précipité à l’eau et la planche s’est retournée m’atteignant au sommet du nez (pas l’œil heureusement !). Douleur et sang. J’appelle au secours et Julian m’aide à remonter sur la planche pour avoir la tête hors de l’eau. Jazon s’écrie:
- Y’en a un qu’a la tête tout en sang !
Un zodiac me conduit à terre. J’ai la tête qui tourne et je ne peux me mettre debout, le sang coule toujours abondamment, la douleur est de plus en plus intense. On pose un pansement qui s’avère peu efficace et on m’avertit que les pompiers ne vont pas tarder. Après les vérifications d’usage – sans toutefois la minerve suggérée par mon père qui vient d’arriver sur les lieux – on m’embarque vers les urgences. J’ai la tête qui ballote et me fait énormément souffrir tandis que le sang continue de couler…
A l’hôpital on me fait inhaler « le gaz qui fait rire » afin de rendre supportable les points de suture nécessaires. Le médecin sourit en apprenant que j’arrive du téléski de Nozay :
- C’est la quatrième intervention depuis le début du mois : clavicule déboitée, poignets cassés… il faudrait prendre un abonnement !
Pour ma part, je suis interdit de sortie et d’activités physiques durant une semaine tandis que se dessine sur mon visage le masque de Zorro. Et pas de soleil sur le nez pendant un an pour éviter les cicatrices!
« Des sensations toujours plus fortes… Des moments de glisse inoubliables » lit-on dans la pub. Je peux vous affirmer que c’est vrai !!!
Dans l’après-midi nous repassons sur le site pour donner des nouvelles… On m’offre une paire de lunettes publicitaires pliables à titre de compensation. Mais pas question de les poser sur le nez !!!
Finalement, le téléski ne me semble pas vraiment sans danger pour les débutants et trop monotone pour les plus expérimentés. Il convient plutôt à une catégorie intermédiaire. (1)
En ce qui me concerne, je crois que ça restera ma première et dernière expérience.
Bon courage à mes successeurs ! »
Romain
Depuis, je suis allé sur les lieux en semaine. En dehors de la terrasse du restau où des buveurs sont attablés à l’ombre, bien peu de personnes sont présentes et je n’ai remarqué ni «la bonne humeur » ni « l’ambiance conviviale » mentionnées dans la pub, plutôt une sorte d’indifférence, « d’entre soi » pour les amateurs confirmés. Sur le plan d’eau n’évoluent que 3 glisseurs dont l’un casqué qui utilise les tremplins (dans ce cas, il faut louer une tenue spéciale en plus du tarif d’entrée). Devant moi, une chute. Le jeune a bien de la peine à franchir la « ligne de glisse » et regagner la rive sans se faire heurter, comme l’a raconté Romain (2). Un peu plus tard, lorsque je m’éloigne, il n’y a plus qu’une personne en piste…. A l’Office de Tourisme où nous sommes très bien accueillis, on m’indique que les clients viennent surtout le week-end et qu’il s’agit principalement de groupes. Le téléski constitue un "spectacle" intéressant pour le public, affirme-t-on en mairie.
J’apprends d’autre part (Ouest-France) qu’une pétition circule pour la création d’un étang de loisirs « nature » avec « zone de pique-nique ombragée, chemin pédestre autour, zone de pêche, baignade et loisirs sans moteurs… ». Selon les initiateurs (un avis que je partage) à Nozay comme à Plessé les lieux « ont perdu de leur charme depuis l’ouverture du téléski ». Et l’on est passé de la gratuité à des activités d’un coût élevé pour les familles !!!
- L’article « enthousiaste » paru dans Ouest-France début août va finalement dans le même sens. Les témoignages proviennent de personnes largement initiées qui évoquent leur plaisir personnel, les difficultés des débutants sont fortement suggérées.
- Des consignes sont données aux débutants pour ce cas précis : s’écarter (pas vraiment possible pour les débutants) ou lâcher prise (là encore les débutants sont plus qu’hésitants).
Laurent